Les lycéens d'Albert Thomas jouent avec ceux d'Heidelberg
Nous sommes 13 lycéens roannais, dans la Loire, de la seconde à la terminale, de filières générales, technologiques et professionnelles, bref de tous horizons et pourtant animés par une passion commune : le théâtre !
Nous avons pu nous y initier depuis 1, 2 ou 3 ans, soit à travers l'option Théâtre pour les élèves de baccalauréat général et technologique, soit à travers un ou plusieurs cycles de pratique pour les élèves de baccalauréat professionnel. Et aujourd'hui, nous voulons aller plus loin dans la découverte et la pratique de cet art !
Pour cela, nos deux enseignantes de Lettres et de Théâtre organisent un stage de théâtre en tiers-lieu, en partenariat avec une comédienne et metteure en scène professionnelle... mais également avec deux enseignantes de Français et de Théâtre originaires d’Allemagne et leurs 14 élèves ! Car le théâtre est un langage universel, et quitte à être dans l’exploration, autant découvrir également une autre culture !
C’est ainsi que nous allons tous nous retrouver, Allemands et Français, dans un tiers-lieu en mars 2023 : pendant 5 jours, du mercredi 22 au dimanche 26, nous allons monter une pièce de Jean Tardieu, Les Amants du métro, dans les deux langues et sous la direction de notre comédienne. Nous donnerons ensuite une représentation le lundi 27 dans une salle de spectacle non loin de notre lycée, ouverte à tous, familles, amis, curieux... avant de partir tous ensemble pour le Bade-Wurtemberg, où nous rejouerons notre pièce cette fois devant un public allemand, le mercredi 29. Nos amis d’outre-Rhin nous feront ensuite découvrir leur région sur la journée du jeudi, avant notre retour le vendredi 31 mars.
Ce stage de théâtre franco-allemand existe depuis de nombreuses années. Il a permis avant nous à de nombreux élèves de Lycée général et technologique de faire des progrès importants en très peu de temps dans leur pratique du théâtre, qu’ils présentent en option au baccalauréat. Pour ceux de Lycée Professionnel, il leur permet de travailler leur posture et leur expression en public, en lien direct avec leur formation professionnelle (Métiers de la relation client – commerce, vente, accueil) et leur oral de Chef d’œuvre au baccalauréat professionnel.
Mais au-delà de ça, tous y gagnent énormément en confiance en soi. A cela s’ajoute l’enrichissement culturel, avec les visites dans chaque pays, mais aussi parce que la totalité des informations pendant le stage sont données dans les deux langues, et que les élèves français et allemands sont systématiquement mélangés, que ce soit sur scène ou dans les chambrées. Cette mixité franco-allemande permet un échange et un partage constant. Tous les élèves ne sont pas obligatoirement germanistes, mais ceux qui le sont font également d’importants progrès sur le plan linguistique. Les éditions précédentes du stage ont mis en évidence de réels progrès dans tous ces domaines : artistique, linguistique, humain et personnel, avec comme couronnement la reconnaissance du travail des élèves par le public !
Le stage coûte 598€ par personne. Cette somme recouvre les frais de transport, de séjour en pension complète, le salaire de la comédienne, la location de la salle de spectacle en France, ainsi qu’une sortie culturelle à Vichy le 26 mars.
Nos subventions nous viennent de l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse), de l’Association Livres aux Lycées et de la Maison des Lycéens de notre établissement. La participation demandée aux familles et de 255€. Les recettes ne suffisent toutefois pas à boucler notre budget pour rendre ce projet possible, c’est pour cela que nous avons besoin de votre soutien !
L'objectif minimum de 1000 € nous permettra de boucler notre budget pour mener à bien cette rencontre, de la création à la représentation.Vous l’aurez compris, ce projet ne pourra se faire sans vous...
Il ne s’agit pas seulement d’une aventure collective, mais aussi d’une aventure personnelle pour chacun de nous. Peu d’élèves ont accès aujourd’hui à ce type d’opportunité, et nous sommes conscients de la chance que nous avons de nous voir proposer un tel projet par nos enseignantes, c’est pour cela que nous comptons sur vous et votre soutien !
« Le théâtre rend aux hommes la tendresse humaine. Nous souhaitons que l’éducation fasse à l’art dramatique la part qui lui est due et qu’il reste ce qu’il a toujours été et ce qu’il doit rester : une offre, un échange d’amitié et d’amour entre les hommes. »
Louis Jouvet
La présentation et le contenu de cette page ont été élaborés par et sous la responsabilité du porteur de projet et de ses élèves. Un texte de présentation, s'il est original, est protégé par le droit d'auteur
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Jeudi, dernier jour à Heidelberg : même si les élèves ont pu profiter de quelques moments de détente depuis leur arrivée en Allemagne, il faut reprendre le travail ! La matinée et le début de l'après-midi sont consacrées au filage du deuxième tableau avec les nouvelles contraintes du plateau, ainsi qu'une nouvelle équipe pour la régie son et lumières... pas toujours francophone, ce qui ne facilite pas les choses pour notre metteure en scène Émilie. C'est un travail long et minutieux, car la mise en scène évolue, et de nouveaux déplacements sont intégrés au jeu. Mais on sent que les élèves intègrent mieux ces nouvelles consignes, car ils ont beaucoup appris en une semaine, ils comprennent plus vite, ils connaissent leur rôle mais aussi la pièce dans son ensemble.
La répétition générale en fin d'après-midi est plutôt de bon augure, mais il reste moins de temps qu'espéré avant la représentation. Qu'à cela ne tienne, les élèves se détendent, se préparent, font leur mise, et même une petite séance de relaxation avec une des professeures alors que le public est en train de s'installer. Ils ne sont pas dans le même état de nervosité que lundi dernier, et sont décidés à tous se faire plaisir pour la dernière.
Et c'est bien ce qui se passe le soir venu ! Devant une salle pleine d'une centaine de spectateurs, tous sont au top ! C'est encore mieux qu'à Mably, et c'est bien normal (le contraire n'aurait pas été rassurant !). Même les élèves qui auront eu besoin d'un peu plus de temps profitent enfin pleinement de ce moment de théâtre tout en offrant une prestation précise et de qualité. Et le public nous le rend par ses longs applaudissements.
Mais toutes les bonnes choses ayant une fin, il faut enfin se séparer le lendemain matin. Les adieux ne sont pas toujours des adieux, car certains espèrent bien se revoir dans d'autres circonstances. Quelques amitiés sont nées pendant ces 10 jours, et aux "auf Wiedersehen" répondent des "bis bald" prometteurs...
Après une soirée de représentation riche en émotion, on continue : mardi matin, tout le monde se retrouve dans le bus, direction Heidelberg, dans le Bade Würtemberg. Le long voyage se déroule dans le calme, chacun se repose enfin un peu après 6 jours de travail intensif. Les élèves français sont ensuite récupérés par les familles allemandes, et tous passent une bonne soirée.
Mercredi matin, rendez-vous au lycée allemand, le Hölderlin Gymnasium, situé au coeur du centre-ville historique d'Heidelberg. C'est un établissement réputé, très actif dans la promotion des enseignements artistiques entre autres, et épargné tout comme le vieil Heidelberg médiéval par les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Rénové ces dernières années, il est un mélange d'architecture ancienne et de modernité. Nous sommes reçus par la directrice de ce bel établissement, Madame Andrea Merger, qui adresse à tous un chaleureux mot d'accueil.
La salle de spectacle du Hölderlin Gymnasium est toute neuve, particulièrement bien équipée, et sera utilisée pour la troisième fois seulement depuis sa création pour notre pièce franco-allemande jeudi soir. Le plateau a des dimensions différentes de celui de Mably, aussi la mise en scène est à nouveau adaptée aux contraintes d'espace, mais les élèves commencent à prendre l'habitude. Les élèves filent ensuite le premier tableau de la pièce sur tout le reste de la matinée.
Pour la deuxième partie de cette journée, il a été prévu détente, rencontres et balade. A la pause de midi, tous s'éparpillent dans les rues autour du lycée, riches en boutiques et petits restaurants. Puis nous nous retrouvons au bus, direction Mannheim : en effet, l'Institut français de Mannheim soutient notre projet et a souhaité nous rencontrer. Les élèves profitent ensuite d'un quartier libre dans le centre commerçant, avant de reprendre le bus pour le vieil Heidelberg.
En effet, le docteur Richard Heil a invité toute la troupe au Kultur Brauerei, restaurant typique de la vielle ville. Intéressé par le projet, il a souhaité rencontrer nos élèves, afin de leur remettre à chacun un présent incroyable : une participation financière importante pour aider à couvrir leur stage. L'équipe encadrante, au courant depuis quelques jours de cette très généreuse initiative, avait gardé le silence afin de faire la surprise aux élèves, qui ont été stupéfaits par l'annonce et ont tous manifesté leur émotion et leur reconnaissance à leur bienveillant mécène.
Chacun est ensuite retourné dans sa famille d'accueil, dans les douces lumières de la ville historique...
Dimanche matin, c'était les dernières heures de travail théâtral aux Noës. Les élèves étaient tous très concentrés, car ils prennent conscience peu à peu des enjeux et des exigences de ce travail hors du commun pour eux.
Après un dernier repas au gîte, c'est le départ pour Vichy, où ils ont pu se balader et faire du shopping pendant une heure et demi, les élèves allemands souhaitant notamment ramener un peu de France chez eux... Retour à Roanne ensuite, où chacun a pu passer la soirée dans les familles françaises.
Lundi, tous se sont retrouvés au lycée Albert Thomas pour un petit déjeuner d'accueil et rencontrer M. Cherigui, proviseur de la cité scolaire, qui leur a adressé un chaleureux mot de bienvenue et d'encouragement. En retour, les élèves lui ont adressé un florilège de leurs répliques préférées de la pièce, une tradition dans ce projet...
En fin de matinée, nous avons rejoint la salle Pierre Hénon à Mably, où Émilie, notre metteur en scène, travaillait déjà depuis une heure sur le plan de feu et le son avec Christian, le régisseur. Les élèves ont investi les loges, passé la tenue noire demandée pour le spectacle, et se sont laissé imprégner des lieux... Les fauteuils du public, le plateau de bois noir, les rideaux de scène, les lumières : c'est encore une autre étape pour des jeunes dont c'est en majorité la première expérience de jeu, et dont certains n'étaient même jamais entrés dans un théâtre en tant que spectateur.
L'espace scénique n'étant pas non plus le même qu'à la salle des Noës, les élèves ont eu à s'adapter, intégrant les modifications de mise en scène, par exemple, dues aux contraintes du plateau. Le filage des dernières scènes a ainsi pu reprendre dans ces nouvelles conditions, et est venue la "première" heure de vérité : la répétition générale, dont les élèves sont ressortis heureux, car même s'il y a toujours des ajustements à faire, ce qui est bien normal dans tout travail artistique, ils ont pu se montrer qu'ils étaient capable de le faire... et ont bien mérité les pizzas offertes par le lycée allemand !
Après ce moment de détente nécessaire, tous se sont affairés à se préparer au mieux pour la première représentation publique : on se coiffe, maquille ses camarades, on revoit quelques scènes, se concentre dans un coin sur son texte, on stresse, on oscille entre bonheur et panique, on se détent avec de la musique, ou en pratiquant quelques exercices de sophrologie, on pleure aussi... C'est l'ascenseur émotionnel, car c'est un moment de rare intensité pour eux ! Et tout cela dans le bruit grandissant du public qui s'installe... car la salle est quasiment pleine ! Quel bonheur de voir tous ces gens venus avec leur sourire et leur bienveillance saluer le travail de ces jeunes !
La lumière s'éteint, le silence se fait, les projecteurs s'allument, la musique retentit, et ça y est, c'est parti pour une petite heure de représentation, "sans filets" ou presque : les scènes s'enchaînent, certaines drôles, d'autres émouvantes, il y a du plaisir sur scène et dans le public... Et la fierté et la joie à la fin ! Fierté des élèves, de leurs familles également, retours positifs du public, dont une bonne partie est restée un grand moment au pot proposé ensuite... Comme dit la "dame offensée" de la pièce de Tardieu, "cette soirée est inoubliable !"
Le travail se poursuit du tableau 1 au tableau 2... C'est exigeant, précis et cela demande beaucoup de concentration aux élèves. La plupart, si ce n'est tous, n'ont jamais vécu une telle expérience et commencent à réaliser l'effort que cela demande. Tout est apprentissage...
Les répétitions se poursuivent jusque tard le soir, puis un repos bien mérité nous attend tous, bien que raccourci : en effet, cette nuit, c'est le passage à l'heure d'été, soit 1h de précieux sommeil en moins ! Les consignes sont données pour la préparation des bagages et le nettoyage des chambres, car dimanche matin sera la dernière demi-journée que nous passerons dans notre tiers-lieu, avant un moment de détente et le retour dans les familles.
La deuxième lecture avec distribution s'achève, chacun sait désormais ce qu'il a à faire... Il est temps de passer la vitesse au-dessus : la mise en scène ! Les élèves se confrontent à la précision du jeu, des transitions, des déplacements, des placements, des "tops" et enchaînements, on répète, on re-répète, on affine, et les progrès sont chouettes ! Cela demande une concentration et une énergie énormes, et pour la plupart, c'est la première expérience du genre. "On arrive à faire des choses qu'on ne s'imaginait pas capable de faire il y a encore un jour..." Quel plaisir d'entendre ça !
Quel plaisir également de voir les élèves studieux, affairés à apprendre leur texte, s'entraidant, réfléchissant au sens des mots, du jeu, faisant des propositions, s'amusant tout simplement avec Jean Tardieu, jusque tard le soir après le repas.
Le groupe allemand a de même été rencontrer la classe unique de l'école des Noës hier en début d'après-midi : en effet, c'est la seule école du Roannais où la professeure des écoles fait une initiation à l'allemand dès le CM1, et il faut avouer que les enfants étaient curieux de savoir qui sont ces jeunes qui travaillent depuis 2 jours à côté de leur cour de récréation... En fin d'après-midi, les 14 élèves des Noës sont à leur tour venus nous voir répéter, silencieusement, sagement, happés par l'atmosphère étrange et apaisante du travail théâtral, et applaudissant à la fin de chaque scène. Un journaliste du Progrès est également venu interviewer nos jeunes pour publier un article avant la représentation de lundi.
Pour ce deuxième jour de projet, hier, les élèves ont commencé par un échauffement et des exercices collectifs qui ont permis de créer une belle dynamique de groupe.
Ils ont ensuite principalement travaillé à découvrir le texte de Tardieu. Une lecture longue, expliquée pas à pas, qui a permis petit à petit à chacun de mieux comprendre l'œuvre, de se l'approprier et de s'y immerger. De propositions en envies théâtrales, la distribution s'est faite.
Les liens se tissent toujours plus, nos élèves sont incroyables de bonne volonté, d'esprit collectif, de joie et d'envie de créer.
Après une longue journée de travail, la soirée a d'ailleurs été très festive !
Nos amis allemands sont arrivés à Roanne en début d'après midi hier. Nous sommes montés avec eux, direction le Gîte Sport et Nature des Noës, sous un beau soleil !
Une première séance d'échauffement et de travail théâtral avec en cadre la moyenne montagne et le barrage de la Tâche, que dire de plus !
La vie en collectivité s'organise, hier soir, ce sont les Français qui ont géré le repas et le rangement, afin de laisser les Allemands se reposer de leur longue journée de voyage et de travail.