Nous sommes vingt élèves allophones scolarisés
Au collège Marie-Marvingt de Bouguenais,
À quelques tours d’hélice de la capitale du pays nantais,
Là où un drôle d’éléphant de quarante pieds déambule sur les quais.
On est d’ailleurs. On n’est pas né ici.
Une vieille dame autoritaire qui vit pourtant loin, quai Conti, à Paris,
Nous cause bien du tracas et du souci.
Elle nous harcèle avec ses règles zarbies et ses exceptions à l’infini…
Le pire est qu’elle est de mèche avec notre professeure de français,
Qui n’a de cesse de nous répéter qu’il faut articuler
Que chaque vers correctement prononcé
Rend le repos de Musset, Mallarmé, Du Bellay et Labé bien mérité.
On pense que c’est un complot
Que la retraitée, notre prof, ses potes décédés et le dirlo
Font partie de la même secte des intellos,
Capables de déclarer un compère-loriot pour un accent grave en moins ou en trop.
Malgré tout, ils sont chouettes.
Ils ne nous cherchent pas de poux dans la tête.
Comme les termites, ils œuvrent à la construction de nos têtes bien faites
Et ont l’ambition de faire de nous des aigles qui se hissent au faîte !
Enfin, pour plus de clarté, permettez-nous de vous proposer une seconde version - en prose, cette fois-ci - de notre présentation, que M. Jourdain aurait trouvée réussie.
Notre établissement scolaire se situe à Bouguenais, à moins de 10 km de Nantes, à proximité de l’aéroport. C’est pourquoi, malgré ses quarante et un printemps, il vient d’être baptisé « Collège Marie-Marvingt ». Cette dernière fut la première femme pilote à traverser la Manche, parmi les nombreuses exploits à son actif.
Nous sommes vingt collégiens non-francophones originaires de Roumanie, d’Afghanistan, d’Algérie, d’Azerbaïdjan, d’Espagne, du Sénégal, d’Irak, de Côte d’ivoire ou de Thaïlande, inclus dans des classes régulières, de la 6e à la 3e.
Certains d’entre nous n’ont jamais fréquenté l’école, d’aucuns savent un peu lire, d’autres commencent à parler. Nous sommes tous différents et, par conséquent, attachants. En fonction de nos compétences et de nos besoins, à raison de 4 à 12 heures hebdomadaires, nous nous retrouvons dans le « Dispositif monde », qui a vocation à nous apporter un soutien linguistique en langue française tout en nous offrant l’opportunité de découvrir la culture du pays. Pour utiliser une image culinaire, un plat unique ne peut aucunement nous satisfaire. Nous recevons des cours à la carte. C’est plus efficace et ça ne mange pas de pain ! Au fur et à mesure des mois, nous gagnons en aisance et en confiance, s’ouvre alors à nous un incroyable nouveau monde dont nous nous délectons.
Vous l’avez compris, nous nous sentons très à l’aise dans notre collège même s’il nous manque un petit rien, un petit grain, pour être tout à fait biens. En effet, nous avons une réponse concrète à apporter au « rêve de bonheur » proustien que vous allez peut-être nous aider à concrétiser. Nous allons vous l’exposer afin que vous ne restiez pas dans le vague.
À la rentrée du mois de septembre 2021, les professeurs d’Education Physique et Sportive ont mis en place une séance de soutien en natation, le lundi soir, à la piscine municipale.
Dès que nous avons eu vent de cette nouvelle, nous avons demandé à notre professeure de Français Langue Seconde de nous inscrire au « cours d’aisance aquatique ». Parés de nos maillots de bain flambant neufs et de nos bonnets qui marquent le front, nous apprenons à faire l’étoile, la fusée et la planche. Ces mots et ces positions nous font rire ! Pour reprendre la terminologie adéquate, ce sont des exercices, qui ont trait à la flottaison, d’une part, et à la propulsion d’autre part. Mais bon, nous, on parle pas comme ça !
En septembre 2022, nous intégrerons le niveau supérieur, qui nous conduira à préparer l’attestation « savoir nager » que nous rêvons d’accrocher au-dessus de notre lit.
Vous nous voyez venir… En juin 2023, nous souhaiterions passer à une étape supérieure en découvrant la mer ou plus précisément l’océan Atlantique. Cette mer, nous ne la connaissons que de façon livresque et télévisuelle, pour la quasi-totalité d’entre nous. Son doux cliquetis, la douceur qu’elle nous procure quand elle nous chatouille les orteils, son éloignement lorsqu’elle boude à reculons, nous sont inconnus.
Nous habitons à seulement 60 km de ce paradis pourtant il nous paraît très lointain…
Si notre envie d’escapade trouvait une issue favorable, nous cocherions toutes les cases de l’Éducation nationale. De façon plus académique, nous validerions de nombreux items du socle commun de connaissances, de compétences et de culture constitutifs à notre formation de futurs citoyens responsables et éclairés. Elle permettrait alors de / d’ :
De surcroît, ce « I have a dream » à la française, qui nous tient tant à cœur, nous ferait pousser des nageoires pour continuer à travailler encore davantage la langue de Molière. Savez-vous que les champions de natation lorsqu’ils enchaînent les interminables longueurs d’entraînement se récitent le Bescherelle ? Si, si, vous pouvez nous croire sur parole. C’est notre professeur qui nous l’a dit.
Soucieux de voir notre projet devenir réalité et d’établir une véritable égalité des chances, notre principal et notre professeure de FLS ont choisi de se rapprocher du réseau PEP Atlantique Anjou. Premièrement, il promeut les valeurs de laïcité, de solidarité, d’égalité et de citoyenneté qui créent le nécessaire terreau fertile de l’inclusion dont nous bénéficions au collège. Secondement, il propose un hébergement au Pouliguen pour lequel le département de Loire-Atlantique octroie une aide financière.
Les calculs savants de notre voyage idéal se résument aux comptes d’apothicaire détaillés dans le tableau ci-dessous. Nous avons conscience que les montants sont importants et que l’argent ne tombe pas du ciel, ne pousse pas dans les arbres et que les billets ne se ramassent pas à la pelle. Ce à quoi, nous ajoutons à l’unisson qu’en la circonstance : « l’argent, qui est le nerf de la guerre, pourrait vraiment faire notre bonheur ! »
Le coût total du projet s'élève à 4 034,40€. Il comprend :
LES DEPENSES :
- L’hébergement et la restauration (pension complète) : 3 034,80€
- Les transports : 697€
▪ Le train : Nantes – Le Pouliguen – Nantes : 400€
▪ Le bus de ligne pour se rendre à Guérande : 88€
▪ Le transport privé A/R pour se rendre aux marais salants : 209€
Les activités : 302,60€
Proposées par les PEP
▪ Pêche à pied avec un animateur technique : 130€
▪ Visite des marais salants à Batz-sur-mer avec un paludier : 88€
En autonomie
▪ Entrées au centre aquatique de Guérande : 84,60€
LES RECETTES :
- La prise en charge du département de Loire-Atlantique pour l’hébergement : 660€ (11€ / jour / élève)
- La participation des familles - 20€/participant = 200€
- La participation au vide grenier organisé par l’association des parents d’élèves du collège (avril 2022) = ?
- La recherche de subventions auprès d’entreprises locales = ?
Aux activités payantes, viennent s’ajouter celles qui n’engagent pas de dépenses telles que :
Nous ne voulons pas faire le tour du monde en 80 jours
Ni partir cinq semaines en ballon
Encore moins nous rendre sur l’île merveilleuse.
Nous souhaitons modestement passer 4 jours et 3 nuits au Pouliguen
Qui feront de nous des reines et des rois en maillot de bain.
La présentation de notre projet rêvé
Nous a inspiré des rimes empreintes de sincérité,
Qui vous sont dédiées,
À vous les donateurs généreux.
Nos passés simples hasardeux
Notre optimisme contagieux
Nos poches percées
Notre brasse coulée
Notre solide amitié
Nos crises d’adolescent
Nos accents chantants
Nos rires communicants
Espérons-le, auront su vous interpeler et vous toucher…
Ainsi, nous vous remercions chaleureusement par avance de votre contribution,
Aussi modeste soit-elle, que vous pourriez avoir à notre attention
Pour la réalisation de notre ambition.
Les élèves poètes-nageurs du « Dispositif monde » : Malvina, Rooma, Sefora, Maximus, Maria-Claudia, Tunzala, Supryia, Saïf, Constantin, Adboulaziz, Barbara, Maria-Fulmena, Maria-Bianca, Bilal, Selin, Aby, Roman, Kanan, Elizabeta et Erick-Leonardo.
La présentation et le contenu de cette page ont été élaborés par et sous la responsabilité du porteur de projet et de ses élèves. Un texte de présentation, s'il est original, est protégé par le droit d'auteur
Les dons effectués au bénéfice d’un projet ouvrent droit à la déduction fiscale à hauteur de 60% du don effectué et de 0,5 % du chiffre d’affaire annuel pour les entreprises et 66% du don effectué, dans la limite de 20% du revenu imposable annuel pour les particuliers éligibles, dans le cadre de la réglementation en vigueur.
Si vous appartenez au même foyer fiscal qu’un élève bénéficiaire d’un projet de sortie avec nuitée, votre don n’ouvre droit à la défiscalisation que s’il s’ajoute à la contribution que vous avez payée par ailleurs pour la participation de votre enfant au projet.